Réserver son nom de domaine avant son site : une stratégie à connaître

Oui, il est tout à fait possible, et même courant, de réserver un nom de domaine sans pour autant mettre un site en ligne dans la foulée. Un nom de domaine fonctionne un peu comme une adresse postale : vous pouvez la posséder, sans qu’il y ait une « maison » dessus. Selon l’AFNIC (l’Association Française pour le Nommage Internet en Coopération), fin 2023, la France comptait plus de 4 millions de noms de domaine en .fr, mais tous ne correspondent pas à des sites actifs (AFNIC).

Pourquoi cette pratique est-elle si répandue ? Voici quelques motivations :

• Protéger son idée ou sa marque : éviter qu’un concurrent ne s’en empare.
• Prenez le temps de réfléchir : installer un site demande du temps, mais le nom de domaine, lui, peut partir rapidement.
• Anticiper son référencement : enregistrer un nom « ancien » a parfois des avantages pour le SEO, même si c’est marginal aujourd’hui (selon Moz, l’ancienneté est un signal faible mais existant).
• Bénéficier de son e-mail professionnel : même sans site, une adresse [email protected] donne tout de suite confiance.

Lorsqu’un nom de domaine est réservé mais qu’aucun site n’y est associé, il ne « mène nulle part » ou s’affiche avec une page par défaut proposée par le registrar (l’organisme qui gère l’enregistrement du domaine). Cela ne veut pas dire qu’il ne sert à rien :

• Il protège votre présence future : dès que vous êtes prêt, vous pouvez construire un site ou associer des e-mails.
• Il coupe l’herbe sous le pied aux cybersquatteurs qui pourraient profiter de votre notoriété (ce phénomène reste fréquent : la WIPO a reçu plus de 5 600 cas de litiges sur des noms en 2022, WIPO).
• Il permet de vous professionnaliser dès maintenant, rien qu’avec une adresse e-mail personnalisée – souvent incluse ou disponible en option lors de la réservation.

Les prix varient en fonction de l’extension (.fr, .com, .org…), du fournisseur (OVH, Gandi, Ionos, etc.) et de la notoriété du nom de domaine. En moyenne, sur 2024, enregistrer un .fr coûte entre 5€ et 15€ par an pour un usage standard, selon les chiffres affichés sur les sites des principaux registrars français.

À cela s’ajoutent parfois des options payantes :

• Protection des données personnelles (WHOIS anonyme)
• Ajout d’e-mails ou de redirections e-mails
• Prolongations (renouvellement au bout d’un an ou plusieurs années d’un coup)

Certains hébergeurs ou registrars proposent aussi, gratuitement ou pour quelques euros, une « page temporaire » (dite page de parking), où vous pouvez afficher un message simple, vos coordonnées ou une annonce « Site en construction ».

1. Choisissez le bon registrar. Privilégiez un opérateur reconnu, qui propose une gestion claire et facile de vos DNS, la possibilité de régler la confidentialité, et un support réactif (OVH, Gandi, Ionos sont des références en France – source : Netcraft).
2. Trouvez votre nom de domaine, testez différentes variantes et extensions. Beaucoup de noms sont déjà pris : soyez créatif et vérifiez l’antériorité sur AFNIC ou Whois.com.
3. Passez à la réservation : sur le site du fournisseur, indiquez si vous souhaitez seulement le nom, ou déjà une option e-mail.
4. Réglez la durée : l’achat se fait généralement à l’année, mais certains proposent jusqu’à 10 ans d’un coup. Soyez vigilant : un oubli de renouvellement, et le nom redevient public.
5. Configurez une redirection ou un e-mail si besoin, mais vous pouvez tout à fait laisser le domaine « vide » en attendant.

En dehors de la protection « anti-cybersquatteurs », réserver d’avance vous permet de :

• Anticiper un rebranding ou un changement de nom d’entreprise
• Créer une adresse e-mail professionnelle pour vos premiers contacts ou dossiers administratifs
• Préparer des projets futurs (produits, événements, nouvelles activités)
• Tester différentes pistes de communication, avant de valider le bon nom et la charte graphique

Il n’est pas rare que de grandes marques ou des organismes publics achètent préventivement des dizaines de variantes d’un même nom : par exemple, la SNCF détient 137 domaines différents liés à sa marque principale (source : Echos du Net).

• Ne laissez pas le nom de domaine expirer. Notez la date de renouvellement et activez le paiement automatique si possible.
• Restez vigilant face aux mails frauduleux qui jouent sur la peur de perdre son nom (arnaques courantes d’alertes de faux renouvellement – relues sur Signal Arnaques).
• Attention à la propriété du nom : il doit bien être enregistré à votre nom ou celui de votre entreprise, jamais à celui d’un prestataire.
• Vérifiez que votre nom ne contrefait pas une marque existante, au risque de litige. Consultez la base INPI (INPI).

Si le projet ne se fait pas, deux options s’offrent à vous :

• Laissez le domaine expirer et il retombera dans le domaine public après une courte période de rétention.
• Essayez de le revendre via des plateformes spécialisées (ex : Sedo, Afternic) – certains domaines sont revendus à prix d’or, mais il s’agit plutôt de cas rares (le .fr le plus cher connu, voyage.fr, s’est échangé pour près de 182 000 €, source Domaines Info).

Tant que le nom de domaine est renouvelé chaque année (ou sur la durée prescrite au début), il reste votre propriété. En France, il n’existe pas de limite à la durée de « parking » d’un nom de domaine, à condition de payer les redevances. Le .fr est soumis à la régulation de l’AFNIC : aucun usage obligatoire d’un site n’est demandé, mais il faut que les coordonnées du titulaire soient à jour.

• Utilisez votre domaine pour des adresses e-mail. C’est souvent inclus dans la réservation ou disponible pour quelques euros. Cela renforce la crédibilité de votre marque.
• Si vous ne souhaitez pas créer de site immédiatement, mettez en place une simple page de contact ou « À venir » en option (certains registrars la fournissent gratuitement).
• Pensez à réserver les variantes de votre nom si vous hésitez entre plusieurs orthographes ou extensions.
• Inscrivez-vous aux notifications automatiques de votre registrar à propos des échéances et mises à jour légales.

Réserver un nom de domaine sans site est une pratique sûre, simple et stratégique pour protéger votre idée, sécuriser une identité numérique ou préparer sereinement un lancement futur. Vigilance cependant : surveillez le renouvellement, évitez de mettre votre nom de domaine « en friche » pendant des années sans réflexion, et profitez de cette avance pour installer dès maintenant une adresse mail professionnelle – étape simple, rassurante pour votre image, et qui vous distingue instantanément des contacts avec une adresse générique.

Vous avez encore un doute ou vous hésitez sur la gestion de votre nom de domaine ? Les registres nationaux comme l’AFNIC proposent des guides, ou vous pouvez bien entendu questionner votre prestataire habituel – en gardant à l’esprit que réserver un nom n’engage à rien, sauf à réfléchir sérieusement à sa communication via ce nouvel atout numérique.

Protéger son identité numérique, cela commence souvent (et simplement) par un clic sur « réserver ». Lancez-vous à votre rythme, mais ne laissez pas les autres décider pour vous !