5 août 2025
Pour des centaines de milliers d’auto-entrepreneurs en France (plus de 2,3 millions selon INSEE, 2023), le numérique est devenu incontournable, mais les notions techniques restent floues pour beaucoup. Parmi les questions les plus fréquentes lors de la création d'un site web : « Registrar et hébergeur, c’est pareil ? », « Où acheter mon nom de domaine ? », « Dois-je prendre mon hébergement au même endroit ? ».
La confusion n’est pas étonnante : beaucoup d’acteurs proposent à la fois noms de domaine, hébergement web et services annexes. Pourtant, ce sont deux métiers différents, qui répondent à des enjeux distincts pour votre présence en ligne. Comprendre la différence, c’est poser les bases d’une stratégie numérique flexible, sécurisée et adaptée à vos besoins d’entrepreneur.
Le terme anglais « registrar » (souvent traduit en français par « registraire de noms de domaine » ou « bureau d’enregistrement ») désigne une société habilitée à vendre et gérer l’attribution des noms de domaine sur Internet. On peut le voir comme le conservateur des identités web – c’est auprès de lui que vous « réservez » votre nom (ex : mon-entreprise.fr) pour une durée donnée, généralement un an, renouvelable.
Le registrar agit comme intermédiaire officiel auprès des registres (par exemple, l’AFNIC pour les .fr, Verisign pour les .com). Les registrars doivent eux-mêmes être accrédités par l’organisme qui gère l’extension du domaine que vous souhaitez (ICANN pour les extensions mondiales, AFNIC pour le .fr, etc.).
La société qui gère votre nom de domaine n’a théoriquement pas accès à vos fichiers de site web ni à vos e-mails. Son « contrat », c’est avant tout l’acquisition et la gestion de votre adresse web.
L’hébergeur (ou « hosting provider ») a une autre mission : vous louer un espace sur ses serveurs pour stocker et diffuser, 24h/24, les fichiers (pages HTML, images, bases de données, scripts, etc.) qui composent votre site Internet. C’est à l’hébergeur que vous confiez physiquement votre site. Il assure la connexion avec les visiteurs et la disponibilité permanente de votre présence en ligne.
Chaque année, selon W3Techs (mars 2024), environ 57% des petits sites professionnels en Europe sont hébergés sur des serveurs mutualisés — la solution la plus accessible pour les indépendants et les TPE.
L’hébergeur, contrairement au registrar, ne vend pas directement de noms de domaine (sauf s’il agit comme registrar également, ce qui est fréquent chez les acteurs grand public — mais ce sont deux métiers distincts au sein de la même entreprise).
Pour que votre site fonctionne, deux éléments doivent être reliés :
C’est la configuration du DNS (le « carnet d’adresses » d’Internet) qui fait le lien : elle permet d’indiquer à Internet que le nom « mon-entreprise.fr » doit s’afficher à partir du serveur de l’hébergeur X. Ce paramétrage (zone DNS) est généralement accessible depuis le panneau de gestion du registrar ou de l’hébergeur.
Vous pouvez gérer votre nom de domaine chez un prestataire (registrar) et votre hébergement chez un autre. Cette séparation technique est d’ailleurs conseillée pour limiter les risques (en cas de problème chez un prestataire, vous gardez la main sur l’autre service).
Sur le marché, plus de 70% des petites entreprises françaises choisissent une offre « tout inclus » proposée par les principaux hébergeurs (Source : Market Research Future, 2023). OVHcloud, Ionos, Infomaniak ou Gandi proposent ainsi des packs nom de domaine + hébergement + e-mail pour simplifier les démarches.
Les experts du numérique recommandent souvent de séparer au moins le registrar de l’hébergeur pour les entreprises qui veulent garder la maîtrise de leur identité web et éviter les situations de blocage lors des transferts (Source : blog Abondance).
Beaucoup d’auto-entrepreneurs découvrent l’importance du registrar lors d’une tentative de transfert ou d’un oubli de renouvellement – parfois dramatique. En 2022, selon l’AFNIC, près de 12% des sites .fr ont été temporairement désactivés faute de renouvellement dans les temps. Un nom de domaine non renouvelé, c’est la perte potentielle d’accès à votre e-mail pro et à votre site, et parfois l’impossibilité de le récupérer sans frais importants.
Le registrar donne la possibilité de :
L’hébergeur, de son côté, permet de :
Une anecdote récente dans les Hauts-de-Seine : une entreprise locale a vu son site web indisponible durant plusieurs jours car son hébergeur avait eu un incident majeur. Grâce au fait d’avoir son nom de domaine chez un autre registrar, elle a pu rediriger son domaine vers un hébergement temporaire mis en place en moins de 48h, limitant l'impact sur son activité.
Les spécialistes recommandent donc de :
Séparer les acteurs permet non seulement d’optimiser la sécurité, mais aussi la négociation des tarifs et des fonctionnalités. C’est particulièrement important pour de petits entrepreneurs qui souhaitent garder une flexibilité sur le long terme, ou qui prévoient de faire évoluer leur site (nouvel hébergeur, solution plus performante…) sans perdre leur adresse web principale.
L’argument budgétaire existe aussi : un nom de domaine en .fr coûte en moyenne 6 à 13€ HT par an chez les registrars connus (chiffres AFNIC 2024), il peut être renouvelé indépendamment de l’hébergement, dont le tarif varie de 2 à 10€ HT/mois pour une offre de base. En changeant de prestataire, on évite parfois d’être « captif » de tarifs qui augmentent lors du renouvellement.
Près de 90% des problèmes rencontrés chez les indépendants viennent d’un mauvais suivi de la gestion du nom de domaine (source : Service Public, février 2024), bien plus que des soucis techniques d’hébergement ou de développement du site lui-même.
Pour résumer, registrar et hébergeur sont deux pièces distinctes de l’écosystème Internet pour une petite entreprise. Le premier s’occupe de l’identité (adresse web), le second du « logement » (stockage du site, messagerie…). Distinguer les deux, c’est choisir une meilleure sécurité et une plus grande indépendance pour faire évoluer votre activité en ligne au fil du temps.
En tant qu’auto-entrepreneur, la clé est de bien choisir votre domaine et votre hébergement chez des prestataires reconnus, tout en gardant la main sur la gestion technique. Prendre le temps de séparer registrar et hébergeur vous ouvrira plus d’options de développement, vous mettra à l’abri des blocages, et facilitera la maintenance de votre outil principal de communication professionnelle. Un investissement souvent négligé, mais qui s’avère précieux à moyen terme.
Pour aller plus loin, l’AFNIC (afnic.fr) et le site officiel Service-Public.fr proposent des guides complets pour aborder la gestion de domaine en tant que professionnel.